No 1 – Littérature I
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Description
1) Les dictionnaires sont unanimes : en vertu de son étymologie, Intervalles a plusieurs acceptions, relatives à des domaines aussi divers que le temps et l’espace, les mathématiques et la physique, l’art des sons et celui des armes; et elles comportent toutes une idée, soit de séparation entre données de même nature, soit de mise à part d’un ensemble par rapport à d’autres.
Significations dont nous nous accommodons, tout en visant à les dépasser.
2) Il est vrai qu’il y a pour nous souci d’illustrer un particularisme, ou tout au moins des particularités, qui nous distinguent de nos voisins plus ou moins immédiats.
Une région est là, qui est le lieu quotidien de nos travaux et de nos jours. Elle a d’abord ses paysages propres, vallées et replats, crêtes et cluses, pâturages et vignobles, villages et cités, qui relèvent pour chacun de nous d’une fidèle géographie du cœur. Elle a ses communautés civiques et sociales, ses problèmes d’économie et d’industrie, ses institutions originales, – ses artistes aussi, de tous ordres; et de cette entité, nous sommes solidaires.
Si son décor naturel, dans ses grandes lignes, est resté semblable à lui-même au long des temps, les occupations et les structures de la population, les mœurs et les croyances, le langage même, ont marqué les époques successives d’assez de changements pour qu’il s’en dégage, du flux général des siècles, un visage propre aux gens et aux choses d’ici, – une identité, pour tout dire, intrinsèque.
Cet embranchement de l’histoire qui est nôtre, tout l’héritage d’un riche passé, une présence multiforme, les voies et les voix d’aujourd’hui, on les a trop souvent méconnus, voire ignorés. Ici même, autant qu’ailleurs. Il importe à présent d’en parler, d’en décliner les qualités, d’en exprimer l’essentiel. Prise de conscience? Sans doute. Œuvre d’amour, aussi : dire, c’est donner vie.
3) L’aventure peut et doit être de double conséquence: rassembler et rayonner.
D’abord rassembler. Par sa conformation géographique, le Jura bernois s’est trouvé longtemps – à l’image, du reste, de la Suisse romande dans son ensemble – compartimenté. Les moyens modernes de déplacement ont aboli ce que les contacts entre vallées avaient de malaisé. Il en est pourtant demeuré quelque tendance, parfois, à un individualisme régional. Les nécessités d’un commun destin obligent à aller au-delà, sans renier nulle diversité. Dès lors, Intervalles, animant d’un souille nouveau les échos du vocabulaire, devient pour nous slogan de réunion, de ressemblance : «intervalles», c’est tout ce qui, d’autrefois à aujourd’hui, n’a cessé d’affirmer des liens vivaces et vitaux entre nos vallées.
Et puis rayonner. Nous savons bien que nous ne saurions être nous-mêmes pour nous seuls, à l’écart des autres, dans un espace clos de palissades (n’est-ce pas le sens premier d’intervallum?) géographiques, politiques ou morales. Une région comme la nôtre n’existe pas si elle n’est reconnue et saluée par ses voisines. Notre cheminement historique, la louange de nos sites et cités, l’aveu de nos réussites ou de nos difficultés, le message de nos écrivains ou de nos peintres s’inscrivent dans une perspective qui dépasse nos étroites limites : notre voix particulière, si nous souhaitons qu’elle soit pleinement entendue, ne trouve sa juste valeur que par les résonances qu’elle peut susciter parmi les autres communautés, cantonales ou linguistiques, de notre pays, – qu’en tenant sa place dans un plus vaste ensemble de témoignages où prend peu à peu son sens le destin de la Suisse en général, et plus spécialement de la Suisse romande.
C’est dire que la revue qui naît aujourd’hui veut rester une revue ouverte. Au gré de 3 à 4 numéros par année et en fonction des thèmes qu’elle abordera, elle donnera la parole, autant qu’aux Jurassiens (restés au pays ou établis extra muros), à des collaborateurs venus d’horizons plus éloignés. Ainsi ces pages ambitionnent-elles de devenir un lieu de rencontre et de confrontation, l’affirmation d’une amitié dans la diversité, – un moyen de dépasser, sans les condamner, les «intervalles» qui distinguent nos régions.
4) Les thèmes qui nous préoccupent, on peut les déduire déjà, grosso modo, de ce qui précède : ils relèvent de toutes ces sortes de réflexion qui portent sur le temps et l’espace, les sciences mathématiques ou physiques, les armes et édifices de l’art. Esquissons-en un premier inventaire, encore succinct, ne serait-ce que pour marquer notre souci de situer nos choix hors du seul pittoresque régional ou du simple anecdotisme local.
Dans le domaine général des arts, nous aurons à nommer des peintres, des dessinateurs, des sculpteurs, des architectes et des musiciens aussi, disparus ou contemporains, dont on ne sait pas toujours qu’ils sont originaires ou natifs du Jura bernois ou de Bienne ; nous y adjoindrons, pour l’époque présente, nos meilleurs photographes. Nos écrivains actuels nous confieront des textes inédits; nous ne manquerons pas, pour autant, d’interroger les œuvres des romanciers, poètes et essayistes qui, dans les époques précédentes, ont donné par l’écriture une dimension nouvelle, en même temps qu’à leurs débats existentiels, aux paysages réels ou transposés du pays qui fut le leur.
D’autres disciplines de recherche nous solliciteront: l’histoire, la géographie humaine, la géologie, la sociologie, la protection du patrimoine, etc. D’où quelques sujets possibles, que nous citons en vrac: divers aspects de fouilles archéologiques, projet d’un canton de Bienne au temps de la Révolution, développement des œuvres sociales dû à l’initiative du Doyen Morel, mouvement anarchiste qu’abrita le Haut-Vallon de Saint-Imier, réseau des eaux souterraines du Jura bernois, édifices religieux au long des siècles – ou même, à partir d’une réalité propre à Bienne et ses environs, le problème du bilinguisme en Suisse.
5) Quelqu’un a dit récemment, non sans parti pris, que le Jura bernois était dépourvu d’écrivains. Ce premier cahier administre la preuve du contraire. Et ce n’est pas un hasard s’il est consacré à nos auteurs d’aujourd’hui.
Au départ d’une entreprise comme la nôtre, la parole de nos romanciers, de nos nouvellistes, de nos poètes est sans doute ce qui peut, le plus directement, s’adresser à un large public et l’associer à notre quête d’identité. A travers leur diversité de tons et d’intentions, les textes réunis ici attestent tout ensemble de la vitalité de nos lettres et des exigences d’écriture qui les animent.
Puissent-ils, dès lors, préparer large la voie par laquelle, dans les années à venir, Intervalles tentera de rassembler et de faire rayonner nombre de témoignages sur la culture d’ici et d’ailleurs. Cette culture qu’il importe moins de définir que d’illustrer, qui s’élabore jour après jour en nous et par nous, et sans laquelle un pays ne saurait imposer de lui-même, à la conscience des contemporains et à la mémoire des historiens, qu’un portrait infidèle…
Informations complémentaires
Poids | 181 g |
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Dimensions | 17 × 25 × 0.6 cm |
Version |
Sommaire
Francis Bourquin | Du côté de nos écrivains |
Eric Sandmeier | Nef vivante-vagues fertiles |
Paul Thierrin | Envoi |
Roger-Louis Junod | Pyrrhus en Eurybée (extrait) |
Suzanne Wallis | L’oiseleuse |
Francis Zeller | Le Chemin |
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