N° 117 de la revue Intervalles

Littérature xvi

« J’écris comme on tourne les pages du monde. » Thierry Luterbacher

 

L’idée d’un numéro d’Intervalles axé sur le bilinguisme, voire même le multilinguisme, a germé il y a déjà fort longtemps, de par la position bilingue de la ville de Bienne. Le questionnement s’est posé, quant à une littérature de type bilingue, créée par des auteur.e.s provenant d’un lieu éminemment bilingue. Est-ce que ce type de circonvolution était propice à une création bilingue ? Est-ce que des auteur.e.s de langue maternelle française écrivaient en allemand ? Est-ce que des auteur.e.s de langue maternelle allemande écrivaient en français ? Est-ce que ces derniers mélangeaient, en quelque sorte, les langues, dans leurs productions littéraires ? Est-ce que l’idée d’une forme d’ « esperanto littéraire » les taraudait ? Ou est-ce que chacun écrivait plutôt dans sa langue maternelle en faisant des adjonctions de l’autre langue ? Enfin, est-ce que ce statut particulier, conféré par la ville de Bienne, ou par toute ville bilingue, incitait à une création littéraire bilingue, ou pas nécessairement ? C’est à ces questionnements sans fin que ce numéro Littérature XVI va tenter de répondre, sans parti pris, et en en circonscrivant toutefois quelque peu le champ d’action.

 

Divers auteur.e.s provenant de la région ou provenant d’ailleurs (mais qui ont vécu dans la région), et qui ont pu s’intéresser, de près ou de loin, à la question, ont été approchés. Des auteur.e.s de tous âges et aux parcours variés qui ont pour nom Zoé Borbély, José Gsell, Lydie Guerne, Marie Le Drian, Thierry Luterbacher, Noëlle Revaz, Michael Stauffer, ainsi que les ayants droit de Annie Saumont, ont répondu favorablement à notre demande. Ils et elles nous ont fait l’honneur qui de textes inédits, qui d’extraits d’un ouvrage où la notion de bilinguisme était le maître mot, qui d’une nouvelle, laquelle avait été mise au jour suite à une résidence d’écrivains dans la ville de Bienne. Ces textes se veulent ou sont en lien avec cette idée du bilinguisme et/ou du multilinguisme dans la littérature, et plus spécifiquement dans l’approche de leurs auteur.e.s face à leur propre création littéraire. La diversité des textes littéraires qui s’offre à vous montre bien pourtant l’universalité de la phrase de Zoé Borbély : « Le mot prend la chaleur du soleil sous lequel on l’avait appris ».

 

Dans les réflexions qui ont présidé à la réalisation et qui ont accompagné la conception de ce numéro Littérature XVI, et ce dans une idée de pluridisciplinarité, très vite, courant 2019, l’idée s’est fait jour de proposer une collaboration originale à Beat Trummer, le vice-directeur de l’Ecole d’Arts Visuels Berne et Bienne, site de Bienne. Lorsque M. Trummer a évoqué cette idée de collaboration inédite à ses collègues professeur.e.s, tant ces dernier.ère.s que leurs étudiant.e.s de première et de quatrième année en graphisme ont été littéralement emballés par ce partenariat fructueux à travers lequel et à partir duquel ils et elles ont pu nourrir leur réflexion à propos du bilinguisme, partant du multilinguisme. Pendant le confinement, les étudiant.e.s de première année, faisant l’expérimentation du bilinguisme, du multilinguisme, en art, travaillant sur la notion de lieux, de situations et de signes, ont ainsi créé des sérigraphies, recréant ainsi une langue par sa « traduction » sur un support technique. Chaque étudiant.e a en outre écrit de petits textes portant sur le multilinguisme en lien avec sa propre sérigraphie. Dans un temps second, lors d’un stage chez les concepteurs de la revue, au sein du bureau HDC à Biel-Bienne, deux étudiants de quatrième année, Arno Louis et Basil Schmucki, ont matérialisé de toutes pièces le layout de ce numéro de 136 pages que vous aurez bientôt entre les mains, offrant ainsi une très belle mise en perspective des textes littéraires des auteur.e.s, textes qui ne se trouvent pas explicités par le rapport à l’image, mais comme prolongés par une expérience cognitive et artistique.

 

« Ecouter le battement des ailes du temps qui passe », c’est à ceci que le présent numéro vous invite, vous convie, vous enjoint, mais de manière bilingue, voire même plurilingue. Laissez-vous happer par ce que les langues ont d’intraduisible, laissez-vous surprendre par la poésie de ces dernières et même par les colorations nouvelles, inouïes, qu’elles peuvent revêtir quand elles convolent, l’espace d’un texte, à plusieurs !

Responsable du numéro
Anicée Willemin

Descriptif technique
Format 170 x 250 mm
Contenu 136 pages
58 illustrations couleurs

Prix de vente
CHF 30.- + frais de port

ISSN 1015-7611
Sortie: 15 octobre 2020

Visuels

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